L’insuffisance cardiaque est une maladie chronique qui ne peut pas être guérie définitivement. Toutefois, elle peut être stabilisée grâce à une hygiène de vie adaptée, au suivi et à la prise régulière des médicaments.
Le traitement de l’insuffisance cardiaque a pour but :
- d’améliorer la qualité de vie en diminuant les symptômes (essoufflement, fatigue, œdèmes, etc.) et en permettant d’accomplir les activités de la vie quotidienne ;
- les épisodes de décompensation de l’insuffisance cardiaque et de réduire le nombre et la durée des hospitalisations ;
- de ralentir la progression de l’insuffisance cardiaque pour qu’elle soit la plus modérée possible.
Prise en charge globale
La prise en charge des patients atteints d’insuffisance cardiaque est une prise en charge globale qui revêt plusieurs aspects. Elle comporte toujours de nouvelles habitudes de vie (alimentaires et d’activité physique) et un traitement médicamenteux qui sera adapté en fonction de votre Fraction d’Éjection du Ventricule Gauche (FEVG). Elle est toujours associée au traitement de la maladie en cause dans la survenue de l’insuffisance cardiaque : traitement d’une hypertension artérielle, d’une maladie coronaire, chirurgie d’une valve cardiaque défaillante, etc.
Modification du mode de vie
Les règles hygiéno-diététiques définies avec votre médecin font également partie de votre traitement :
- Limiter l’apport en liquides : la consommation de liquides ne doit pas dépasser 2 litres d’eau par jour. Cette quantité comprend toutes les boissons, ainsi que les glaçons, les aliments à forte humidité comme les fruits et les glaces.
- Limiter la consommation de sel : le sel provoque une rétention d’eau.
- En cas d’insuffisance cardiaque, il importe de suivre un régime pauvre en sel pour éviter de retenir l’eau dans votre corps et de rendre encore plus difficile le travail de pompe du cœur.
- Ne pas dépasser 6 g par jour.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Une alimentation cuisinée strictement sans sel et sans ajout d’aliments salés contient naturellement déjà 2 g de sel.
EN PRATIQUE
Éviter de consommer des aliments riches en sel
Ne pas resaler les plats
Privilégier les aliments frais
Penser aux herbes/épices
Utiliser éventuellement des sels de remplacement
Éviter de consommer des aliments riches en sel comme la charcuterie, le fromage, le pain, les plats préparés, les sauces prêtes à l’emploi, etc.
Ne pas resaler les plats
Privilégier les aliments frais
Penser aux herbes/épices
Utiliser éventuellement des sels de remplacement
- Attention à l’alcool et au tabac : supprimez ou modérez strictement votre consommation d’alcool et arrêtez de fumer
- Intérêt de la réadaptation cardiovasculaire en période stable, un exercice physique fractionné, régulier, adapté et progressif permet d’améliorer le fonctionnement de votre coeur et lui permet de battre efficacement.
- Bouger et faire de l’exercice : en cas d’insuffisance cardiaque, il est essentiel de poursuivre une activité physique régulière, adaptée à votre âge et votre condition physique.
- Il est recommandé de pratiquer 30 minutes d’activité modérée par jour.
Le repos est indispensable lors des poussées.
- Prenez conseil auprès de votre médecin traitant ou cardiologue.
- Bien dormir et contrôler votre niveau de stress.
Une bonne qualité de sommeil et un quotidien le plus zen possible sont importants.
- Éviter l’automédication.
Prise en charge médicamenteuse
De nombreux médicaments sont utilisés pour traiter l’insuffisance cardiaque en fonction de votre FEVG. En général, on utilise une combinaison de médicaments.
Bien prendre ses traitements est indispensable car chaque médicament a une importance qui lui est propre. Il ne faut en aucun cas arrêter vos traitements sans l’avis de votre médecin, même si vous vous sentez mieux.
Votre médecin optimisera votre traitement en fonction de votre profil clinique (type d’insuffisance cardiaque en fonction de votre FEVG, de vos symptômes, des causes ainsi que de l’état d’avancement de votre insuffisance cardiaque).
PATIENTS AYANT UNE FEVG PRÉSERVÉE
Actuellement, en plus des règles hygiéno-diététiques, la prise en charge de ces patients vise principalement à lutter contre les facteurs de risque cardiovasculaires (ex : hypertension artérielle) et à contrôler la rétention hydrosodée ainsi que la fréquence cardiaque.
PATIENTS AYANT UNE FEVG RÉDUITE
La prise en charge détaillée des patients adultes atteints d’une insuffisance cardiaque symptomatique (classe NYHA II
à IV) avec une FEVG réduite repose (en complément des changements du mode de vie et du contrôle des facteurs de risque cardiovasculaires) sur un traitement standard qui peut comprendre :
- Un inhibiteur de l’enzyme de conversion (IEC) ou un antagoniste des récepteurs de l’angiotensine II (ARA II) en cas d’intolérance ou de contre-indications aux IEC
Ces classes thérapeutiques ont pour objectif d’éviter la production d’hormones de stress par votre corps (ces hormones de stress font contracter ou rétrécir les vaisseaux sanguins, augmentant le travail du cœur pour pomper le sang dans tout votre organisme).
Ces classes thérapeutiques détendent vos vaisseaux sanguins et permettent ainsi au sang de circuler plus aisément. Ils facilitent le travail de votre cœur et diminuent votre pression artérielle.
- Un bêtabloquant uniquement chez les patients cliniquement stables
Les bêtabloquants sont des médicaments qui relaxent le muscle cardiaque et ralentissent le rythme cardiaque.
Ils bloquent également les effets des hormones de stress de votre corps. Ces dernières rétrécissent les vaisseaux sanguins, causant des difficultés pour le pompage du sang par le cœur dans tout votre organisme. Le blocage de vos hormones de stress relaxe les vaisseaux sanguins, facilitant ainsi le pompage du sang par le cœur.
- Un antagoniste des récepteurs aux minéralocorticoïdes (ARM) chez les patients symptomatiques, malgré un traitement optimal par IEC (ou ARA II) / bétabloquant
Les ARM sont des médicaments qui permettent de bloquer l’aldostérone, une hormone qui aide vos reins à contrôler la quantité de sel, de potassium et d’eau qui se trouve dans votre organisme. Les ARM agissent de deux façons. En bloquant l’aldostérone :
– vos reins retiennent davantage de potassium ;
– vos reins éliminent davantage de sel et d’eau de votre corps en vous faisant uriner davantage.
- +/- un diurétique :
Les diurétiques sont des médicaments qui aident vos reins à éliminer tout l’excès d’eau et de sel de votre organisme.
Si vous restez symptomatique malgré le traitement standard cité ci-dessus, votre médecin pourra vous proposer des traitements complémentaires :
- Inhibiteur du récepteur de l’angiotensine et de la néprilyisine à la place des IEC ou des ARA II
- Les gliflozines
C’est une nouvelle classe thérapeutique développée dans le traitement du diabète de type 2, de la maladie rénale chronique et de l’insuffisance cardiaque.
Elles agissent en bloquant la fonction de SGLT2 (Sodium/Glucose coTransporteur 2 qui est une protéine permettant la réabsorption du glucose et du sodium par le tubule rénal proximal) et entrainent donc, suite à ce blocage, une élimination du glucose et du sel dans les urines.
- Inhibiteur du courant pacemaker If
Il ralentit la fréquence cardiaque en inhibant le courant électrique que produit le stimulateur naturel du cœur. Il est indiqué chez des patients insuffisant cardiaque ayant une intolérance ou une contre-indication aux bêtabloquants ou lorsqu’ils sont insuffisamment contrôlés par les bêta-bloquants.
EN RÉSUMÉ
Selon le diagnostic, les différentes familles de traitements citées ci-dessus peuvent en effet être associées et modifiées avec le temps selon votre état de santé et l’évolution de votre maladie. Respectez la liste de médicaments prescrits par votre médecin et n'associer jamais différents médicaments vous même, sans avis médical.
D’autres médicaments explorant d’autres voies physiopathologiques de l’insuffisance cardiaque peuvent être proposés par votre médecin traitant ou votre cardiologue.
Pour toute information ou question, consultez votre médecin ou pharmacien. Certaines informations sont également disponibles dans les Notices des médicaments.
Prises en charge non-médicamenteuses
Dispositif de synchronisation cardiaque
Chez certains patients, Il se peut que l’implantation d’un appareil cardiaque appelé dispositif de resynchronisation cardiaque soit indiqué. Celui-ci envoie des impulsions électriques aux cavités inférieures de votre cœur pour les aider à battre d’une façon plus coordonnée ou « synchronisée ». Cela peut aider à améliorer l’efficacité de pompage du cœur.
L’appareil comporte trois électrodes fixées au muscle cardiaque (oreillette droite, ventricule droit, ventricule gauche) et un générateur d’impulsions placé dans une loge de peau à la partie supérieure du thorax ou dans l’abdomen. Il permet une resynchronisation ventriculaire et augmente la capacité du cœur à l’effort.
Défibrillateur cardiaque
Un défibrillateur cardiaque implantable peut également être utile : cet appareil comporte un boitier placé sous le muscle pectoral (sous la clavicule) relié à des électrodes introduites jusqu’au cœur. Il surveille le rythme du cœur et, au besoin, en cas de troubles graves du rythme cardiaque, produit un choc électrique.
Assistance ventriculaire et transplantation cardiaque
Si l’insuffisance cardiaque est grave et irréversible, les médicaments et les traitements peuvent finir par ne plus être efficaces. Les médecins peuvent alors recommander des alternatives thérapeutiques telles qu’une transplantation cardiaque ou un dispositif d’Assistance Ventriculaire Gauche (DAVG). Les patients présentant une insuffisance cardiaque avancée peuvent, selon certaines conditions, recevoir un DAVG dans l’attente d’une transplantation cardiaque.
Congénital : qui est présent dès naissance.
Dispositif d’assistance ventriculaire gauche (DAVG) : un dispositif d’assistance ventriculaire gauche est un appareil de type pompe mécanique implanté chirurgicalement dans le corps. Il permet de conserver l’aptitude à pomper d’un cœur ne pouvant fonctionner efficacement tout seul.
Fraction d’éjection ventriculaire gauche (FEVG) : pourcentage d’éjection du sang contenu dans une cavité cardiaque lors d’un battement.
Hyperthyroïdie : on parle d’hyperthyroïdie lorsque la glande thyroïde produit trop d’hormones. L’excès d’hormones thyroïdiennes engendre un dysfonctionnement des organes sensibles à ces hormones qui se traduit par une accélération de la majorité des fonctions de l’organisme : accélération du rythme cardiaque, amaigrissement, anxiété ou fatigue chronique.
Infarctus du myocarde (IDM) : l’infarctus du myocarde, également appelé crise ou attaque cardiaque, est la destruction d’une zone plus ou moins étendue du muscle cardiaque. Il est dû à l’obstruction d’une artère coronaire.
Peptides natriurétiques : les peptides natriurétiques représentent une famille d’hormones peptidiques d’origine cardiaque connues pour moduler la pression artérielle et le volume sanguin en exerçant des effets directs sur le rein et le système vasculaire.
Physiopathologie : la physiopathologie est une discipline de la biologie qui traite des dérèglements de la physiologie, c’est-à-dire les dérèglements du mode de fonctionnement normal des éléments constitutifs du corps humain.
Tubule rénal : le tubule rénal est la deuxième partie du néphron (unité structurale et fonctionnelle du rein), qui est l’unité fonctionnelle d’un rein où s’élabore l’urine.